Saint Roch
L'évêque, le chevalier, le pèlerin (VIIe-XVe siècle)
En ne retenant des deux Vies de saint Roch publiées par les bollandistes que ce qui s'accordait avec l'Histoire, en dépit de leurs incohérences, l'érudition s'était employée jusqu'ici à construire la « biographie vraisemblable » d'un pèlerin thaumaturge de la deuxième moitié du XIVe siècle. Outre de nouvelles vitae, l'auteur investigue de manière exhaustive toutes les autres dimensions négligées d'un dossier hagiographique complexe : celles de la liturgie, des archives civiles, des reliques et de l'iconographie. Il en publie et analyse un corpus exceptionnel de documents inédits, dont certains précèdent les récits de plusieurs décennies. Il en ressort une figure inattendue et bien différente de celle qui résultait du traitement traditionaliste et trop exclusif des sources littéraires. Elle s'enracine dans celle d'un évêque mérovingien d'Autun, se « rénove » sous l'effet de la peste dans la liturgie languedocienne de la fin du XIVe siècle, puis se dédouble dans l'iconographie italienne de la première moitié du XVe siècle. Elle s'inscrit enfin dans un roman du dernier tiers du siècle, plusieurs fois remanié, que le nouveau vecteur de l'imprimerie propulsera à travers toute l'Europe, en deux décennies à peine. Cette vaste enquête heuristique, conçue dans le strict héritage de l'hagiographie critique, apporte encore une contribution méthodologique et épistémologique originale à la stemmatique des réécritures, à l'étude des faux « vols pieux » de reliques et à l'exploitation de l'iconographie. Elle entend aussi alimenter la réflexion sur la notion de dévotion populaire et sur les phénomènes et les groupes sociaux qui la génèrent.
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