La mondialisation ne date pas du temps présent : c'est un processus multiséculaire qui a connu une première phase dès les XVIe-XVIIIe siècles, sous l'égide et au profit des Européens de l'Ouest - États et cités portuaires, avec leurs bourgeoisies marchandes comme acteurs majeurs. La Bretagne, longtemps vue comme une province « périphérique », rurale et enclavée, y a largement participé, jusque dans les profondeurs de l'Argoat et de ses milliers de tisserands, sous l'impulsion de quelques pôles portuaires, de Nantes à Morlaix, et plus encore Saint-Malo, dont l'élite négociante a joué un rôle moteur dans ce processus dans les années 1560-1720.
Les travaux rassemblés ici essaient d'abord d'éclairer les facteurs et les modalités de ce processus complexe. Ils tracent le profil des acteurs-clés qu'étaient les négociants, à partir du cas malouin. Ils analysent les structures et outils d'un capitalisme marchand souple et efficace et ses rapports ambigus avec un État interventionniste. Ils étudient enfin les trafics qui concrétisent cette insertion dans l'économie mondiale avec leur déploiement spatial, leurs produits-clés - la toile, notamment - et leurs modes opératoires.
Le propos s'élargit ensuite pour situer ces trafics dans le cadre d'une mondialisation qui n'avait rien d'un long fleuve tranquille, mais se développait dans une logique de compétition exacerbée entre les États mercantilistes, avec ses contradictions et ses compromis, comme la contrebande ou l'interlope. Il évoque surtout les tensions et les conflits, avec leur gradation : de la guerre commerciale et douanière à la guerre maritime ouverte, y compris sous des formes spécifiques comme la course. La Bretagne, placée en première ligne, constitue un observatoire privilégié d'un affrontement franco-britannique qui l'éprouve directement.
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