Histoire mémoire & patrimoine
Saint-Gotthard 1664
Une bataille européenne
Depuis la poussée ottomane dans les Balkans au XVe siècle, après le désatre de Nicopolis (1396), les armées chrétiennes n'ont cessé d'essuyer des défaites dans les batailles rangées contre l'armée du Sultan, dont la supériorité était écrasante. Seule la guerre de siège a permis aux Hongrois de résister, avec l'aide des Habsbourg.
En 1664, le Grand Vizir Achmet Köprülü décide de marcher sur Vienne, et se heurte à une puissante armée coalisée comprenant des contingents allemands et français venus prêter main-forte aux Autrichiens et aux Hongrois. Lorsque les Turcs décidèrent de franchir la Rába à Saint-Gotthard, sur la frontière austro-hongroise, ils se heurtèrent à une puissante armée chrétienne bien commandée par Montecuccoli, qui était décidé à en découdre avec « l'ennemi héréditaire du nom chrétien ». Le feu nourri de l'infanterie (en particulier du corps expéditionnaire français commandé par le comte de Coligny) brisa l'élan des janissaires, qui se débandèrent et repassèrent la Rába en désordre. Les pertes turques furent très élevées et le Grand Vizir battit en retraite sans gloire.
Toutefois cette victoire éclatante ne fut pas exploitée, parce que la cavalerie hongroise de Zrínyi refusa d'obéir à Montecuccoli et surtout parce que l'empereur Léopold Ier, qui venait de sauver sa capitale, préféra signer une paix sans gloire avec les Ottomans. En conséquence, la victoire chrétienne de Saint-Gotthard a été injustement oubliée dans l'histoire générale de l'Europe à la différence de la défaite ottomane sous les murs de Vienne en 1683.
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