Jeune, belle, docteur en médecine, Taslima Nasreen connaît déjà la notoriété au début de ces années 90 qui vont marquer un tournant dramatique dans sa vie. Une notoriété qu'elle doit tout autant à ses débuts flatteurs en poésie qu'à son indépendance scandaleusement affichée dans un pays, le Bangladesh, peu ouvert aux revendications féministes. Très vite, l'exercice routinier de la médecine et les incohérences du milieu médical ennuient Taslima, avide d'autres horizons. L'écriture lui offre l'occasion de s'exprimer et de sortir d'un cercle professionnel étriqué. Poète, elle devient bientôt aussi chroniqueuse de presse dont le ton nouveau, l'esprit de liberté et l'irrévérence séduisent rapidement un abondant lectorat.Mais ce succès lui vaut des ennemis farouches, notamment dans les milieux conservateurs et fondamentalistes. Les " progressistes " sont loin de la soutenir : électron libre, elle dérange tout le monde. Sa célébrité naissante génère des jalousies, ses adversaires se font violents et haineux. Certains de ses livres sont brûlés, elle est molestée, interdite de Foire du Livre à Dhaka. Après la parution de Lajja – un roman-vérité écrit à la hâte qui dénonce les persécutions contre la minorité hindoue du pays –, des dizaines de milliers de manifestants réclament sa mise à mort. Son livre est interdit. Tombe alors, comme un couperet, la fatwa lancée par un obscur mollah de Sylhet. Bientôt sous le coup d'un mandat d'arrêt, Taslima est désormais une hors-la-loi dans son propre pays, sans autre ressource que de s'enfuir vers la Suède, la liberté, mais aussi l'exil et l'errance...
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