Rousseau, le chemin de ronde
« Toutes mes idées sont en images », écrit Rousseau à la fin du livre IV des Confessions. Sans précédent dans la littérature, ce spectacle mental nous concerne tous car la scène du for intérieur est universelle. Écrire serait chercher l'idiome de ce qui reste là en souffrance, puisque le plus sensible est le moins dicible. « Il faudrait pour ce que j'ai à dire inventer un langage », dit encore Rousseau, qui pense en écrivain autant qu'il écrit en penseur. Il a cherché un langage qui creuserait le
temps, une parole qui se souviendrait de la perte ; depuis le Discours sur les sciences et les arts jusqu'aux Rêveries du promeneur solitaire, cette oeuvre nous parle de la profondeur d'oubli dans laquelle il faut descendre pour simplement accéder à la nature humaine. Ce chemin de ronde est un théâtre de mémoire.
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