À la fin du Contrat social, Rousseau affirme la présence
indispensable de la religion en politique, sous
les espèces d'une religion civile. Une telle affirmation a
suscité la haine des autorités de son temps et l'incompréhension
de la postérité. Pourtant, cette religion civile
ne constitue ni la prémisse du totalitarisme, ni la manifestation
de l'incohérence du système de Rousseau.
Cette forme spécifique de religion politique est d'interprétation
délicate. Elle est une création de Rousseau,
et non pas la reprise d'une formule déjà proposée par
d'illustres prédécesseurs. Ce livre propose de suivre la
genèse de cette création et s'efforce de montrer qu'elle
est le fruit d'une synthèse, très particulière, de la religion
naturelle et de la religion civique à l'antique, synthèse
qui permet d'intégrer la révolution apportée par le
christianisme, tout en neutralisant ses conséquences
dévastatrices sur le plan politique.
La religion civile n'est pas un cercle carré. Elle est
plutôt, aux yeux de Rousseau, l'instrument critique universel,
grâce auquel les religions politiques héritées de
l'histoire pourront être progressivement épurées. Est-elle
dépassée dans le monde contemporain, gagné,
selon les cas, par la laïcité ou la sécularisation ? Rien
n'est moins sûr. Si l'on entend bien la pensée de l'auteur
du Contrat social, non seulement on peut comprendre
autrement certains phénomènes contemporains, mais
on cesse d'être perplexe devant les religions civiles
concrètes qui animent désormais certains pays, et en
premier lieu les États-Unis d'Amérique.
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