Dès son premier roman Boualem Sansal a imposé la puissance d'une littérature écrite « à la lumière des Lumières », portée par le miracle d'une langue réinventée. « En Algérie, nous sommes analphabètes trilingues : nous avons perdu le français à cause de l'arabisation forcée, l'arabe est peu ou mal enseigné, nous avons perdu le kabyle et nos langues ancestrales. » Le seul langage qui reste à la plupart, c'est la violence. Le romancier, lui, dispose de la langue, cette langue exaltée, magnifiée par la solitude rougeoyante de la forge où se forment les phrases.
Jean-Marie Laclavetine, « Boualem Sansal, le serment des Lumières », 2015.
Vue et oeuvres illustré
J'ai toujours tout su et j'ai respecté jusqu'au bout le pacte qu'elles avaient passé. Dieu que c'est difficile de vivre en même temps deux vies qui ne doivent jamais se croiser, ni se regarder. [...] Il est une chose que je regrette amèrement, je n'ai jamais dit ni à l'une ni à l'autre : « Maman, je t'aime. » Je ne les ai jamais prises dans mes bras. J'ai toujours eu peur de me trahir, de les trahir. Je devais jouer le rôle qu'elles avaient écrit pour moi et je l'ai joué jusqu'au bout. J'aurais tant voulu l'appeler au moins une fois maman. Farroudja n'a jamais entendu ce mot dans ma bouche. Elle ne l'a jamais entendu de personne. [...] Il est trop tard, je leur dirai tout un jour, dans une autre vie, celle-ci nous a pas mal échappé, elle est passée sans nous.
Boualem Sansal, Rue Darwin, 2011.
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