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« Pourquoi ai-je choisi Roger Vailland ? Ce n’est pas moi qui l’ai choisi ; c’est lui qui m’a choisi. Ou, tout au moins, j’en ai, depuis quelque temps, ressenti la prétentieuse et mégalomane impression. Je m’explique. En rédigeant ce texte, j’ai pris conscience qu’au fil des années, trop de coïncidences nous réunissaient, nous unissaient, lui l’écrivain, moi le lecteur. Dans le désordre : son lieu de naissance (Acy-en-Multien), en Picardie, comme moi ; Acy-en-Multien à quinze kilomètres de Silly-le-Long, petit village où résidait mon arrière-grand-mère et où ma mère fut élevée ; son lieu d’adolescence (Reims) et j’ai passé mes vacances d’enfant et d’adolescent au château de Sept-Saulx, dans la Marne, à 21 kilomètres de Reims (mon grand-père maternel y était jardinier) ; la profession de journaliste nous est commune, de même que notre intérêt pour la condition ouvrière, les femmes et l’alcool. Le fait que j’ai été amené, par hasard, à connaître ses amis chers (Jacques-Francis Rolland, Jean-Jacques Brochier) ; ils devinrent les miens. Ils me manquent. Mais, au fond, tout ceci n’est rien. Je pense que Roger Vailland est l’un des plus grands stylistes français. J’aime également qu’il fût un hussard rouge. Un homme de gauche, d’une vraie gauche extrême, qui, jamais, ne fit la morale, et jamais ne négligea le plaisir. C’est si rare… Une manière d’aristocrate, adorateur de nos meilleurs écrivains : Laclos, Stendhal, Diderot, Bernis. » Philippe Lacoche
La collection Duetto invite écrivains et critiques à évoquer leur grande passion littéraire, à parler d'un auteur qu'ils admirent, qu'il s'agisse d'un maître disparu depuis longtemps ou d'un contemporain qu'ils ont eu la chance de rencontrer.