
La place éminente qu’occupe Apollinaire en cette époque charnière se justifie par le fait que son œuvre retentit de tous les échos de cette bruyante modernité naissante. Sa sensibilité exacerbée, son goût démago’ (plus que pédago’) du merveilleux, son chuintement en matière d’esthétique lui permettent de féconder apports et contradictions de sa génération. Il y a également chez lui un réel sens biscornu de la tradition lyrique française. En une curieuse partouze littéraire, Alcools, 1913, son meilleur recueil, mêle les inflexions éraillées de voix de Villon, les pétards mouillés symbolistes, les quincailleries de Picasso, les utopies futuristes, la badauderie cubiste. Sûrement c’est le charme en personne, mais cela demeure l’éternelle avant-garde du passé d’avenir conjugué au présent plus qu’imparfait. Bref, le « mythe » l’emporte sur le « vrai ». Voici l’humeur de mes lectures, mon Contre-Sainte-Beuve, voici, entre grelots, claquettes et féerie publicitaire, l’une des plus belles mystifications littéraires : Apollinaire, le poète-bibelot.
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