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« Vivre libre ou mourir », revendiquent les libertaires ; « La liberté, pour quoi faire ? », leur rétorque Bernanos. Entre les deux, le libéralisme, les libéralités, le libertinage, la libre-pensée, le libertarianisme, circulent de droite à gauche, ou font le mur d'Est en Ouest. Depuis qu’après-guerre une partie du monde s’est affirmée « libre », jamais qualificatif n’a autant fait florès, quitte à perdre de sa puissance signifiante. Libre, on peut l’être comme l’air, ou juste dans sa tête. On peut hurler : « Je ne suis pas un numéro, je suis un homme libre ». On peut même remplacer la fin par « une femme libre ». L’amour le fut tout un temps du côté de Woodstock, les échanges commerciaux tentent de le demeurer en faisant fi des conflits et des visions du monde antagonistes, l’accès à certains lieux publics est garanti tel au prorata de dispositifs de sécurité qu’une telle ouverture induit. Au pluriel, les libertés deviennent « fondamentales », indiscutables, illimitées. Or plus elles abondent, plus elles semblent vouées à être « bafouées », et condamnées à être surveillées, redéfinies, limitées. Il semble donc plus que jamais temps d’écrire les noms des libertés, fût-ce à la lumière d’une éclipse...
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