Des chats et des hommes
Silencieux, altier, soyeux, le pas chaloupé et l’effleurement câlin, le chat est un compagnon d’exception. Depuis l’Égypte ancienne, il partage avec les humains un lien fidèle, ponctué d’orages lorsqu’on lui prête des pouvoirs maléfiques, et d’idylles comme à Istanbul, l’ancienne Constantinople, où le petit fauve est roi. Mais le chat est surtout une muse. Des génies s’y abreuvent, tel Baudelaire qui admire ces « grands sphinx allongés au fond des solitudes » et distingue des « parcelles d’or » dans « leurs prunelles mystiques ».
« Un écrivain n’est jamais seul avec un chat», affirmait la reine du thriller Patricia Highsmith. Pensons à Perec et son Raminagrobis sur l’épaule, à Sagan enlaçant son tigré, à Colette envahie de matous, ou encore Céline et le roublard Bébert. Depuis plus de quarante ans, il incarne le héros spirituel et rondouillard de Philippe Geluck. Antidote à la détresse et à la cruauté du monde, le Chat est aujourd’hui une star planétaire.
Maître d’un félin efflanqué aux trop grandes oreilles, Joann Sfar raconte lui son premier contact avec les chats sur un terrain vague de Nice. Celui « qui dessine des Juifs qui ont l’air d’Arabes » publie le mois prochain, Nous vivrons, un journal semblable à la quête d’un « chemin détourné » pour un rouvrir le dialogue entre Israéliens et Palestiniens.
Outre les poètes, les écrivains et les dessinateurs, notre quadripède, par ailleurs auditeur bienveillant et somnolent, inspire aussi les musiciens ; Carlo Farina se piquait d’imiter son miaulement, Heinrich Biber, son cri, Andrew Lloyd Webber leur dédia une comédie musicale (Cats), Chopin, une valse... La musique et les chats forment un duo uni. Lisez encore notre article sur les sommes folles que maîtres et maîtresses dépensent pour dorloter leur minet ; le cat-business est un marché à 2 milliards d’euros annuels.
Pluriel, le talent de Denis Podalydès bondit du jeu à l’écriture, du tragique à la fantaisie et de la légèreté à la mélancolie. Pensionnaire surdoué de la Comédie française, il ne s’accorde aucun répit.
Évadée du régime des mollahs, Abnousse Shalmani, Iranienne devenue Française, porte haut sa liberté, son universalisme et son audace. Récente lauréate du prix de la Laïcité, elle délivre dans son nouveau roman J’ai péché, péché dans le plaisir un hymne à l’émancipation et l’opiniâtreté, par le récit croisé du destin de deux femmes écrivains. Bonne Lecture.
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