Pour se revivifier « Cosmos est mon premier livre », écrit Michel Onfray dans l’introduction de cette somme de mille pages, sous-titrée « Vers une sagesse sans morale ». « J’ai publié à ce jour quatre-vingts livres sur bon nombre de sujets : l’éthique, l’esthétique, la bioéthique, la politique, l’érotique, la religion, la psychanalyse [...], un chantier de dix tomes de contre-histoire de la philosophie, mais de fait, j’ai l’impression que Cosmos est mon premier livre. » Pour s’être frayé un chemin dans la philosophie contemporaine à grands coups de serpe contre les religions et les sous-produits idéalistes, déboulonnant les icônes et déterrant les penseurs inconnus, Michel Onfray, depuis plus de vingt ans, suscite avec la même force emballement et détestation. Cette fois, le ton change. « Il n’y est plus question, enfin, de penser contre ceci, contre cela ; pas davantage de vitupérer, d’agonir, de juger, de fulminer, ni même d’hédoniser aux dépens de quelque passion triste. Non, rien de réactif dans cette “ontologie matérialiste”, mais un plain-chant en faveur du monde, de la nature, de la lumière, de la beauté. [...] Ce livre, c’est un torrent pagano-mystique », écrit son premier éditeur, Jean-Paul Enthoven, qui nous décrit sa rencontre avec le philosophe normand et éclaire son parcours intellectuel d’une contre-histoire personnelle, à la fois critique et affectueuse. Michel Onfray honnit les religions et nous propose rien moins que le bonheur délivré de notre soumission aux trois monothéismes. Dans une France secouée par le terrorisme islamiste, cherchant à renouer de toute urgence avec une laïcité qu’on ne défendait plus que du bout des lèvres, la lecture de Cosmos rafraîchit, inspire et revigore. Autre lecture vivifiante, celle de Marc Fumaroli, qui nous entraîne à la découverte des origines de la République des lettres, cette communauté de savants qui incarna durant des siècles l’excellence philosophique scientifique et littéraire et qui fit de la France le centre rayonnant de la pensée jusqu’à la révolution française. Marc Fumaroli, même s’il déplore la perte de l’enseignement des humanités, refuse le déclinisme et invite la République à une réaction saine et, pourquoi pas, à une « République des lettres retrouvée pour mettre fin aux dysfonctionnements dans l’État et le système d’éducation »... Valérie Toranian
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