Deux génies. Y a-t-il autres mots pour qualifier Nietzsche et Pascal, qui font ce mois-ci la couverture de la Revue des Deux Mondes ? Non, tant on est pris de vertige à l’évocation de ces grands penseurs complexes, paradoxaux, aux corps abîmés par le travail et en proie au questionnement permanent. Restons humbles, ne cherchons pas à les enfermer dans des cases que leurs esprits rugissants feront voler en éclats. « Ceux qui limitent leur caractère à un ou deux traits se trompent. Si Pascal est un ascète, il aime plaisanter et rire, sa correspondance le prouve. Nietzsche n’est pas seulement le rebelle, le vorace, le violent qui transparaît dans ses écrits, il se montre attentif et doux envers ses contemporains. Les deux hommes se dérobent aux simplifications », avertit Aurélie Julia, directrice de la Revue.
Parce qu’il connaît Nietzsche jusque dans ses recoins, Michel Onfray en est l’un des meilleurs pédagogues et parvient, au cours d’une longue interview, à éclairer, que l’on soit ou non béotien, la personnalité et la pensée de l’auteur de Zarathoustra. Comment percer le concept de volonté de puissance ? Pourquoi selon la dialectique nietzschéenne traverse-t-on trois temporalités du chameau, du lion et de l’enfant ?
Petit-fils du Général, Yves de Gaulle retrace lui le lien entre le philosophe prussien et son grand-père « humaniste et chrétien » alors qu’a priori tout semble les éloigner : « le premier pense et détruit par la pensée ; le second ne cesse de vouloir construire par l’action (...) ».
De Pascal avec qui il partage l’amour de la mathématique, Cédric Villani dresse de son côté le portrait d’un « scientifique joyeux et audacieux, qui s’inspire du monde pour définir ses problèmes ». Il nous raconte comment Blaise Pascal, dont on célèbre cette année le 400e anniversaire de la naissance, fut le premier à mettre « explicitement en calculs le hasard », ouvrant dans l’histoire des sciences le vaste champ des probabilités.
Dans ce numéro de la Revue des Deux Mondes est publié pour la première fois le texte d’une conférence qu’a donnée en 1976 Julien Freund après le vote le 10 novembre 1975 d’une résolution des Nations unies assimilant le racisme au sionisme. Révoquée en 1991, cette motion fut selon le philosophe français l’instrument d’une manœuvre de politique intérieure de la Russie et d’une manipulation des pays arabes.
Lisez encore la perspective troublante qu’ouvre la transition démographique en cours dans la quasi-totalité des pays du monde. Alors que pour la première fois depuis 1960, la Chine a connu l’an dernier un repli de sa population, l’érosion à l’échelle mondiale de l’indice conjoncturel de fécondité (ICF) laisse présager avant la fin du siècle un hiver démographique aux conséquences lourdes d’incertitudes. Bonne lecture !
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