En 1947, à trente ans, David Goodis a le monde dans sa poche - un film à succès avec Humphrey Bogart et Lauren Bacall tiré de son roman Dark Passage, un emploi lucratif dans l'un des plus grands studios de Hollywood. Les livres et les idées percolent dans son imagination fertile (La nuit tombe, Le Casse, etc). En 1950, il balance tout aux orties, retourne à Philadelphie, vit chez ses parents pratiquement jusqu'à sa mort et tout comme ses héros déchus choisissent désormais le caniveau, préfère écrire pour les collections de poche bon marché où il a tout loisir d'explorer les recoins troubles de sa nature.
Il aurait pu être complètement oublié s'il n'avait été publié en France dans la légendaire Série Noire et porté aux nues par les intellectuels de Saint-Germain-des-Prés pour ses héros « existentiels ». Suivant l'exemple de François Truffaut (Tirez sur le pianiste, 1960), les cinéastes ont fait de ses livres de nombreux films que l'auteur - mort en 1967 à 49 ans - n'a jamais pu voir.
En été 1982. Philippe Garnier décide de satisfaire sa curiosité : pourquoi Goodis était-il adulé en France, mais oublié dans son propre pays ? Publié deux ans plus tard. Goodis : La vie en noir et blanc était moins une biographie, ou un livre de plus sur le polar, qu'un essai sur la culture populaire américaine dans tous ses états : industrie des pulps et des paperbacks, cinéma, télévision - et surtout une enquête sur les images ou clichés qui la parasitent au point, parfois, de prendre sa place. Plus de trente ans après, l'angle a sensiblement changé : Retour vers David Goodis rend compte du culte dont il fait désormais l'objet aux États-Unis, notamment dans sa ville natale de Philadelphie.
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