Boissoudy d'un côté rénove, recrée, réactualise, mais aussi innove par sa technique et par son style sans équivalent. C'est un artiste qui renouvelle la longue tradition de l'art d'inspiration chrétienne avec une approche singulière, devenue rarissime de nos jours, dans la mesure où elle n'est ni naïve ni déroutante ni provocante, tout en se nourrissant à la source d'un rapport constant et étroit, amoureux et méticuleux, aux récits des évangiles. Le traitement des rencontres et apparitions du Christ n'est ni sulpicien, ni scandaleux [...] Il a en effet inventé une représentation du Christ discrète, humble, presque réservée, mais lisible, lumineuse et très humaine, et quasiment toujours liée aux rencontres de celui-ci avec ses disciples et ses contemporains. Sa technique est originale et courageuse à sa façon : il s'agit de lavis d'encres sur papier, dont le jeu en noir et blanc nuancé de discrètes traces de couleur excelle à traquer et surprendre les jeux subtils de la lumière et de l'ombre. Ce « clair obscur » fait écho, si l'on veut, aux oeuvres de Georges de La Tour et des frères Le Nain, peintres qu'admire Boissoudy qui se situe volontiers dans une tradition française. Mais l'artiste délaisse les charmes de la polychromie et précise que cette technique de lavis lui est personnelle, car il laisse l'eau agir sur le dessin qu'il a tracé, créant des matières et des formes acquises grâce à l'intervention de l'eau afin, dit-il, « de donner une place à un acteur qui n'est pas lui » - soit dit en passant, cette disposition à la dépossession, chez un peintre, fût-elle partielle, mérite d'être relevée...
François Boespflug
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