Cet ouvrage de l'historien américain Ronald Schechter, Obstinate Hebrews : Representations of Jews in France, 1715-1815 (2003, University of California Press), s'intéresse aux représentations des Juifs - par les non-Juifs et par les Juifs eux-mêmes - dans la France du XVIIIe siècle, de la mort de Louis XIV à la fin de l'empire napoléonien. Pourquoi, s'interroge l'auteur, les non-Juifs ont-ils autant écrit et débattu sur une part de la population qui, à l'époque envisagée, était numériquement, mais aussi économiquement et politiquement, extrêmement faible et marginale ?
Analysant, dans la perspective de l'histoire culturelle qui est la sienne, aussi bien les écrits des philosophes des Lumières, les pamphlets anti-juifs que la liturgie patriotique juive et les débats des diverses assemblées révolutionnaires et post-révolutionnaires concernant le statut des Juifs, Ronald Schechter défend une hypothèse forte : les Juifs étaient, pour reprendre une expression qu'il emprunte à Claude Lévi-Strauss, « bons à penser ». Autrement dit, ils ont facilité la conceptualisation et l'articulation d'idées fondamentales pour leurs contemporains, telles que la perfectibilité humaine, les mérites relatifs de la vie « primitive » et de la « civilisation », de l'agriculture et du commerce, la citoyenneté ou encore la possibilité d'une « nation » indivisible.
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