Calamandrei se souvient d’une excursion de 1938 dans les environs d’Arezzo, aux confins de la Toscane et de l’Ombrie, où il a vu pour la première fois la fresque désormais célèbre de Piero della Francesca représentant la Vierge enceinte.
C’est là l’occasion, dans une prose impeccable, d’une méditation sensible sur le passage du temps, les destructions et les malheurs de la guerre, le caractère irremplaçable des œuvres, l’évidence du beau, la singularité de l’émotion artistique et la force de l’attachement du peuple italien pour son patrimoine...
« En Italie et particulièrement en Toscane, chaque bourg, chaque tournant, chaque colline a un visage, comme une personne vivante ; il n’est pas de coteau ni de clocher qui ne soit associé dans notre cœur au nom d’un poète ou d’un peintre, au souvenir d’un évènement historique aussi important pour nous que les joies et les peines de notre famille. Il ne s’agit pas de littérature, il s’agit de la vie. [...] Il y a, entre Arezzo et Sansepolcro, un petit village du nom de Monterchi près duquel, dans un cimetière en pleine campagne, règne en solitaire le plus beau tableau de Piero della Francesca, la Madonna del Parto, qui célèbre de la manière la plus solennelle et la plus austère la gloire de la maternité : il ne s’est pas passé un jour sans que je pense à ce tableau livré aux Allemands, comme je pensais à mes proches et à mes amis en danger. Que lui sera-t-il arrivé ? Aura-t-il pu être sauvé ? »
Piero Calamandrei, 15 sept. 1944
Inédit en français
Traduit de l’italien, illustré et annoté par Angela Guidi et Lucie Marignac
Postface de Carlo Ossola
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