Depuis les années 1960, les problèmes d'organisation, de contrôle et
de financement des systèmes administratifs constituent des enjeux collectifs
majeurs dans les démocraties occidentales. Ils alimentent les diagnostics de crise
des bureaucraties et favorisent l'essor de réformes préconisant de nouveaux
modes de fonctionnement, souvent inspirés du New Public Management.
En dépit de l'importance historique de l'État, la France n'échappe pas
à ces changements. L'administration est l'objet de nombreuses critiques
et de réformes.
Comment, pourquoi et avec quels effets les élites françaises ont-elles développé,
à grand renfort de publicité, des politiques de réforme de l'État destinées
à transformer les règles historiques du système administratif patiemment mises
en oeuvre depuis le début du XIXe siècle ? Voilà la question centrale que pose
cet ouvrage. Il analyse les réformes de l'administration française du début
des années 1960 jusqu'à la présidence Sarkozy. Avec la perspective
d'une sociologie historique de l'État, il retrace l'essor et le développement
de ces réformes sous la Ve République et analyse les multiples configurations
d'acteurs qui y participent : personnels politiques, hauts fonctionnaires,
ministères, experts patentés, citoyens... Il donne à comprendre le tournant
néomanagérial de l'administration française, ses limites et la spécificité
des voies du changement dans le contexte hexagonal. Soulignant la singularité
de la préoccupation des gouvernants pour l'organisation et la transparence
de la machinerie administrative, l'auteur diagnostique finalement l'émergence
d'une nouvelle rationalité politique marquée par l'impératif du «souci de soi
de l'État».
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