Cet ouvrage comble un vide dans l'étude de la réflexion théologique sur le Christ. On s'est occupé largementjusqu'ici de la période du Nouveau Testament et des Pères de l'Eglise, celle des définitions et des grands conciles «christologiques». On s'est attaché aussi aux travaux de la grande Scolastique, surtout ceux du XIIIe siècle. Or, sept siècles, entre le VIe et la fin du XIIe, n'ont guère jusqu'ici retenu l'attention. Ce sont ceux du vaste mouvement où les moines et les moniales ont élaboré et promu, à leur façon propre, une vraie théologie du Christ.
Il ne s'agit pas de traités systématiques. Les écrits sont néanmoins innombrables : méditations, exhortations, homélies, poèmes, prières. Sans raisonnements abstraits mais sans négliger de mettre en valeur la véritable incarnation de l'unique Fils de Dieu, ces religieux ne veulent que contempler, méditer, savourer la grandeur du mystère du Christ. Pour ce faire, ils recueillent dans la foi le témoignage de l'Ecriture et celui des Pères de l'Eglise, et ils vont plus loin dans l'expression d'une théologie parfaitement originale et authentique.
Cette théologie est contemplative, préoccupée de trouver la voie de l'union à Dieu et l'entrée dans le mystère de salut qu'annonce l'Eglise. Elle est spirituelle, enracinée essentiellement dans l'expérience mystique. Elle est au bout du compte «engagée», ne craignant pas de se rendre attentive aux conditions concrètes dans lesquelles il s'agit de vivre la foi, et de convier tant le moine à «tout quitter» que le laïc à «vivre selon la justice» (l'intitulé du chapitre IX : Une christologie antiféodale de Cluny, est éloquente).
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