Au XVIIe siècle, l'histoire de l'ordre des frères prêcheurs renvoie
systématiquement au concept de réforme. Présentée comme un retour à
une plus stricte observance, la réforme religieuse intéresse le juriste : le
droit est en effet l'outil privilégié auquel les autorités centrales de l'ordre
ont recours pour énoncer leur programme et offrir un corpus de référence à
tous les dominicains. Dans les provinces et les congrégations de France, en
écho à la politique générale de l'ordre véhiculée par les actes des chapitres
généraux et incarnée par le maître général en visite ou par ses commissaires,
on observe en réalité une grande variété de traductions juridiques de la
réforme : dès lors, les actes généraux rendent compte de l'objectif à atteindre
qui constitue un idéal tandis que les sources locales révèlent la nature plus
conventionnelle de la mise en oeuvre de la réforme et la grande diversité des
observances, négociées au cas par cas. L'étude de la structure dominicaine
permet d'affiner nos connaissances sur le processus de réforme. Celle-ci se
révèle en effet mouvante, souple, absorbant les initiatives de réforme soit
dans des établissements originaux comme le Noviciat Général de Paris, soit
dans des congrégations dont le développement est à la fois perturbant et
salvateur. Dans ce contexte de réforme, l'évolution du droit et l'adaptation
des structures de l'ordre démontrent que le droit est un moyen de maintenir
un lien (entre les religieux) tout en séparant (réformés et non-réformés)
et un outil pour indiquer la voie d'excellence tout en ménageant des
exceptions. Cette étude juridique et structurelle est riche d'enseignements
sur la manière dont on traduit des objectifs, ici de réforme, d'abord par des
procédures et des mécanismes juridiques, ensuite par une recomposition
régulière des structures permettant d'assurer le maintien de l'unité sans
interdire la diversité.
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