Dans l'Égalité des deux sexes, Poulain de la Barre présente l'infériorité des femmes
comme le préjugé exemplaire et s'élève contre ce qui n'est pas fondé en raison, dont le
pouvoir des hommes sur les femmes (inégalité des sexes), celui des hommes sur d'autres
hommes (inégalité des rangs) et celui du monarque de droit divin sur ses sujets.
Considéré comme trop radical en France, ce traité fut, en revanche, traduit en
Angleterre dès 1677 et y inspira plusieurs brochures préféministes. Par le truchement de la
traduction de l'une d'elles, les idées de Poulain de la Barre revinrent incognito en France au
milieu du XVIIIe siècle, preuve de leur vitalité.
Ces réécritures anglaises sont dotées d'une dynamique propre et dépassent l'état de la
simple compilation. Une lecture comparative minutieuse et des microanalyses stylistiques
démontrent comment elles s'inspirent du traité-source.
Ces brochures gagnent en esprit polémique mais perdent la spécificité novatrice du
substrat cartésien qui permit à Poulain de la Barre d'affirmer : "L'Esprit n'a point de Sexe".
De plus, y est gommée la dimension subversive issue de l'inscription des idées dans la
perspective politique plus large du droit naturel et de la relativité des rangs.
Comme la propriété intellectuelle et le droit d'auteur voient à peine le jour au XVIIIe
siècle, la notion de plagiat ne peut être ici pertinente, à la différence de celle d'intertextualité,
définie par Julia Kristeva. Cette étude relève du domaine de la filiation des idées et de
la question des transferts culturels.
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