Le débat sur les méthodes de l'histoire déborde aujourd'hui le cercle des spécialistes. La réduction de l'historiographie à une rhétorique (ce que l'on a appelé aux États-Unis un linguistic turn), nourrie par le scepticisme post-moderne, a rencontré les positions politiques des mouvements fondés sur l'identité d'une ethnie ou d'un genre. Ceux qui ont revendiqué la partialité de la connaissance historique l'ont parfois fait en se réclamant des thèses de Foucault sur les logiques de pouvoir à l'oeuvre dans les savoirs, ou en soumettant la valeur de la connaissance du passé à son efficacité. Après A distance et à partir de la critique d'un fragment de Nietzsche sur les rapports de la rhétorique et de la vérité, Carlo Ginzburg poursuit dans cette nouvelle série d'études la recherche des fondements d'un savoir historique construit sur la discussion de ses preuves. Selon sa propre méthode, il n'interroge pas seulement le discours de l'histoire, mais aussi celui de la littérature ou de la peinture, non parce que l'histoire ne serait qu'un art, mais parce que l'art est, comme l'histoire, puissance de vérité.
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