Au croisement de l'enquête et du reportage, cet étonnant voyage au cœur de la vie quotidienne de Ramallah est le roman vrai d'une ville insaisissable. Entre champ de ruines et hyper modernité occidentale, capitale en devenir encerclée de barrages et de colonies.
Les posters à la gloire des martyrs de l'Intifada ont disparu des rues de Ramallah. Ils ont été remplacés par d'immenses panneaux de publicité pour le crédit immobilier. La bourgade de Cisjordanie, théâtre du dernier baroud de Yasser Arafat, acculé en 2002 par les tanks israéliens dans son QG en ruines, s'est transformée en une mini-métropole cosmopolite, jalonnée de bars branchés et de résidences haut de gamme. Ramallah est ainsi devenue la vitrine du plan de Salam Fayyad, l'énergique Premier ministre palestinien, déterminé à créer un État de fait, à la barbe de l'occupant israélien. Son entreprise est appuyée par les pays donateurs qui déversent chaque année des piscines de billets verts sur les territoires occupés.
De quoi Ramallah est-elle le signe ? De la montée en puissance de l'Autorité palestinienne et de l'indépendance inéluctable des territoires occupés ? Ou bien de la banalisation de l'occupation et de l'affadissement du mouvement de libération palestinien ? Au croisement de l'enquête et du reportage, Ramallah Dream est le roman vrai d'un bantoustan doré. Plutôt qu'au théâtre d'ombres du processus de paix, Benjamin Barthe s'intéresse aux bouleversements qui travaillent la société palestinienne, dépolitisée de l'intérieur par l'industrie de l'aide. Les personnages qui se croisent dans ce récit – négociateurs, diplomates, hommes d'affaires ou activistes – dressent le portrait d'un État impossible, dont le territoire se dérobe en permanence sous les pas de ses dirigeants et dont l'économie est confisquée par une caste de privilégiés. Un livre à lire comme un avis de tempête.
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