Si, dès leur enfance, on dispense aux états-uniens tout ce qu’il faut pour douter des histoires de sorcières, ce n’est guère le cas, en revanche, pour le racecraft. Pour nous, comme pour ceux qui croyaient jadis aux sorcières, la vie quotidienne produit une immense accumulation de preuves à l’appui de la croyance. Songeons simplement à la façon dont les médias classifient aux États-Unis les choses « par race » – sur des sujets aussi divers que les grossesses précoces, la « sous-représentation » des noirs parmi les donneurs de sang ou leur «sur-représentation» sur Twitter –, ne cessant d’alimenter de preuves factices le flot immense de la prétendue fracture raciale états-unienne.
Formé sur le modèle du mot « witchcraft [sorcellerie] », la notion de « racecraft » est proposée par les sœurs Barbara et Karen Fields pour désigner l’ensemble des croyances partagées et des pratiques collectives qui font exister la fiction de la « race » aux États-Unis.
Fruit de deux vies de réflexions, de recherches et d’engagements, cet ouvrage est d’abord un panorama complet de la réalité très particulière de la « race » dans ce pays. Au-delà, c’est déjà un classique qui alimente là-bas les vifs débats sur les manières d’aborder les questions dites raciales.
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