Un séisme a eu lieu. Des décombres sort une voix impérieuse,
celle d'une jeune mère agonisante qui s'adresse à
son double, une autre jeune femme qui, sur l'autre rive,
lutte contre la folie, en préparant une soirée, en l'honneur
de son mari. Entre la victime et la femme délirante, un
dialogue muet s'instaure sans jamais dessiner les limites
de la raison, du rêve, du temps, de l'espace. On est dans
une zone intérieure, celle de la mort annoncée et des
repères quotidiens qui s'effondrent. Et pourtant les deux
femmes, l'une qui meurt et l'autre qui, «monstrueusement
maigre», se laisse dépérir, appartiennent toutes les
deux à la vie réelle. Elles se sont croisées dans une pâtisserie
qui devient le seul endroit vivant du monde. Deux
faces d'une même angoisse, elles se font l'une à l'autre
un procès sans merci. «Ayant raté le début, je dois
bégayer toute ma vie. Ce n'est pas une vie. Je suis obligée
de me contenter d'un à-peu-près jusqu'à la fin. Celle-ci
ne sera pas loin si vous continuez à vous fermer les
oreilles. En tout cas, j'aurais préféré une fin plus nette,
plus paisible. Alors je me reprends. Sachez que je suis
presque vous, c'est-à-dire une ombre de votre écrasante
personne, une représentation, une fragile doublure, un
rêve ou une métaphore, on pensera ce qu'on voudra. Je
crois qu'en ce temps-ci il n'y a pas un être à part moi qui
vous soit plus intimement lié, un esprit qui soit plus
compatible avec vous.»
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