Je ne déteste pas les enterrements mais j’ai peur des cadavres. Ils me révulsent. J’avais déjà atteint la cinquantaine quand j’ai été confronté pour la première fois à ce redouté face-à-face. J’allais visiter un ami à l’hôpital. Je pensais le trouver mal en point, mais vivant. Il venait de mourir : je ne pouvais plus me dérober.
J’ignore d’où vient cette aversion. Mon père est mort trop tôt pour que j’en aie gardé le moindre souvenir. Est-ce parce qu’à mes yeux mon père n’a en somme jamais eu de corps que j’ai tant de répulsion pour les dépouilles des autres ?
S’il a d’abord cherché des avantages à son état d’orphelin, comme celui d’être épargné par la peur de perdre ses parents, Michel Richard s’aperçoit avec le temps qu’il s’agissait évidemment d’un subterfuge. Alors, il tâche de se faire à l’idée que tout son rapport avec la mort, et par conséquent avec la vie, s’articule autour d’une place vide.
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