New York (2001), Madrid (2004), Londres (2005) : trois villes touchées par des
attentats suicides qui ont marqué les esprits. Quel traitement devrait être réservé
aux corps des auteurs de ces attaques, qui échappent au contrôle des États et
rendent la justice inapplicable ?
Enterrer un corps, c'est lui reconnaître une place ; c'est aussi lui permettre de
laisser une trace sur la Terre. Dans le cas des djihadistes, cette question de l'appartenance
territoriale ne se pose pas. En effet, quelle que soit leur nationalité, ils
revendiquent avant tout leur appartenance à l'Oumma, la communauté des
croyants, une «nation» globale qui transcende les frontières étatiques.
Dans ces conditions, comment les États parviennent-ils à concilier l'impératif
d'adresser un message de fermeté aux terroristes - en leur refusant le statut
d'ennemi conventionnel, comme c'est le cas dans les situations de guerre - avec le
souci de respecter le deuil des familles - les familles des victimes, mais aussi celles
des assaillants ?
S'appuyant sur les rapports officiels publiés au lendemain de ces trois attentats
et sur une enquête de terrain au long cours, dans les pays touchés par les
attaques et dans les pays de naissance des djihadistes (qui sont parfois les
mêmes), Riva Kastoryano dévoile et cartographie les trajectoires qu'ont suivies
ces derniers avant de commettre leurs crimes. Ce faisant, elle donne à voir l'évolution
du profil des djihadistes au cours des quinze dernières années, jusqu'à celui
du homegrown terrorist, devenu le plus courant. Au-delà, elle nous invite à une
réflexion passionnante sur le corps comme arme de guerre et sur le lien qui existe
entre territoire et identité à l'heure de la mondialisation.
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