
L'acte éducatif ne se réduit pas à un simple transfert de
connaissances : il implique tout un apprentissage des valeurs, il est
le lieu d'une sensibilisation aux enjeux éthiques de
l'être-ensemble. Mais s'il existe, au coeur de l'idée de l'École que
nous sommes prêts à défendre aujourd'hui, quelque chose comme
une exigence éthique, à qui s'adresse-t-elle ? À des citoyens ? à des
enfants ? à des «jeunes» et parfois à des «jeunes adultes» ? Et
comment intégrer, par ailleurs, le fait massif de l'hétérogénéité
sociale et culturelle des publics scolaires ? Comment prendre en
compte la désaffection d'une part grandissante de ces publics pour
l'École ? Qu'en est-il, finalement, du désir d'apprendre, et
d'enseigner ?
Ces soucis légitimes convergent vers une question que ce livre
choisit de poser de façon frontale : le droit à l'éducation, cette
notion cardinale de notre système éducatif, est-il effectivement
mis en oeuvre ? L'hypothèse qui oriente les textes ici réunis est que
l'application équitable du droit à l'éducation est inséparable de la
dimension éthique de la relation d'enseignement, et plus
particulièrement des modalités du respect de soi et du respect de
l'autre qu'une telle relation suppose. Comment faire saisir
l'importance qu'il y a à cultiver le sens de sa propre dignité, tout
en assurant les conditions d'une liberté de conscience ? Comment
appréhender le paradoxe pédagogique qui veut qu'une conscience
libre soit aussi une conscience éduquée ? Divers acteurs du
domaine éducatif se penchent sur ce problème : ils sont
enseignants, proviseurs, inspecteurs, cadres de l'Éducation
nationale ou de structures européennes. Un pédiatre et une
philosophe les rejoignent pour prolonger la discussion.
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