Quattrocento
Et si la Renaissance était née d'un livre ? Un livre perdu, connu par
fragments, recopié par quelques moines et retrouvé par un humaniste
fou de manuscrits anciens ? L'idée, audacieuse, vertigineuse, ouvre
les portes de l'histoire de Poggio Bracciolini, dit le Pogge, qui découvrit
une copie du De rerum natura de Lucrèce dans un monastère allemand.
C'était à l'aube du XVe siècle.
Le Pogge n'était pas seulement un bibliophile passionné et un copiste
hors pair. Il aimait les arts et il avait écrit des Facéties grivoises. Il aimait les
femmes et était père de dix-neuf enfants. Il n'aimait pas l'Église mais il
était secrétaire d'un pape diaboliquement intelligent et corrompu. Ainsi
s'ouvre à nous un monde inouï, celui d'une cour papale où s'agitaient agents
cupides, moines séducteurs, filous, femmes de petite vertu et humanistes
d'exception: un monde à la fois sévère et dépravé, contraignant mais libre.
En découvrant, copiant et diffusant l'oeuvre de Lucrèce, le Pogge aura
levé le voile sur les Temps modernes, et influencé des esprits aussi puissants
que Montaigne ou Machiavel. Car tout, selon Lucrèce, est fait d'atomes en
mouvement, qui s'entrechoquent au hasard, se séparent et se rencontrent
à nouveau. Telle fut l'intuition géniale du poète latin, une célébration
de la danse de la matière et un bréviaire d'athéisme qui allaient bouleverser
le Moyen Âge finissant.
Conteur né, érudit et brillant, Stephen Greenblatt. emporte le lecteur
au coeur de ce Quattrocento qui fit revivre l'Antiquité pour la porter
jusqu'à nous.
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