Dans Cimetière des oranges amères, Josef Winkler partait pour l'Italie, non sans emporter avec lui les souvenirs de son pays natal, la Carinthie. C'est là, dans le village en forme de croix déjà familier des lecteurs du Serf, qu'il revient pour ce récit.
Les paysans carinthiens avaient coutume, pour éloigner les insectes, de badigeonner leurs chevaux d'un liquide à l'odeur nauséabonde fabriqué à partir d'ossements d'animaux. Maximilien, le narrateur, s'inspire de cette étrange coutume pour définir sa tâche d'écrivain : ramasser les ossements des morts que le village voudrait oublier, et rendre justice à leurs vies sacrifiées. A leur mémoire, il compose en faisant appel à ses propres souvenirs et à ceux de son père nonagénaire, une symphonie funèbre dont les thèmes sont les récits de trente-six destins au dénouement tragique, jusqu'à la scène finale où trois vieillards échangent avec nostalgie leurs souvenirs de guerre au cours d'un repas de la Toussaint. Cet épilogue donne au livre une portée politique (d'autant plus forte quand on sait que la Carinthie est la base électorale de l'extrême-droite autrichienne) mais les citations des Litanies de Satan de Baudelaire qui ponctuent le récit attestent que la question du Mal est ici posée, aussi bien, sur un plan métaphysique.
Ecrit dans une langue flamboyante, traversé de scènes hallucinées, Quand l'heure viendra est l'un des sommets de l'œuvre de Josef Winkler : un triomphe de la mort qui saisit tout le tragique du vingtième siècle à travers le microcosme d'un village carinthien.
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