Comment, en trois décennies (1960-1990), le Japon est-il devenu à la fois la deuxième puissance économique mondiale et une des sociétés développées les plus égalitaires de la planète ? Grâce à un « modèle » original fort mal connu en Occident, où les grandes entreprises ultra compétitives voisinaient avec d’énormes secteurs archaïques et sous-productifs qui assuraient la stabilité politique et la redistribution sociale.
Au début des années 1990, la conjonction désastreuse de plusieurs facteurs – choc de la mondialisation, errements de l’administration, paralysie d’un système politique livré au trafic d’influence – a profondément ébranlé l’Archipel. Pourtant, ses dirigeants, écartant les conseils néolibéraux, ont préféré amortir l’impact politique et social de la crise plutôt que de sacrifier la cohésion nationale. Pari réussi ? Malgré treize années de crise, le Japon a préserver sa stabilité, son niveau de vie, et ignore encore la fameuse « fracture sociale ». S’il vacille, le géant n’est pas abattu.
A la faveur de cette crise, le Japon vit aujourd’hui une véritable révolution. Il se détend et s’assouplit. Les grandes entreprises retrouvent leur compétitivité, la société civile arrache des droits parfois inimaginables chez nous, les autorités locales inventent une nouvelle façon de faire de la politique, et la jeunesse, une culture à la fois iconoclaste et apaisé. Le sumô apprend à danser.
Jean-Marie Bouissou, normalien et directeur de recherches à Sciences Po, a vécu quinze ans au Japon. Il est l’auteur d’un ouvrage de référence sur l’histoire politique et sociale de ce pays, Le Japon depuis 1945 (Armand Colin, 1997).
Le livre est jumelé avec un site Internet qui permettra au lecteur de trouver de nombreux renseignements complémentaires (statistiques, articles récents, etc.) et de dialoguer avec l’auteur : www.ceri-sciences-po.org/bouissou/quandlessumos.htm.
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