Nul hasard si, dès 1971, le pianiste Ben Sidran sous-titrait son ouvrage Black Talk par la formule : How the Music of Black America Created a Radical Alternative to the Values of Western Literary Tradition. Dans une tradition qui a largement revalorisé la place et la fonction de l’oralité, dans une pratique musicale qui a parfois supprimé tout recours à la trace écrite et qui a souvent fait de l’improvisation un moyen d’expression perçu comme plus direct voire plus « naturel », que nous disent les écrits de musiciens ? Notons que parmi les réponses de musiciens à la question posée en 1974 par Stanley Dance dans The World of Swing (« Musique mise à part, quelle est votre forme d’art favorite ? »), seules celles de Bud Freeman (« Literature and Theater ») et de Gene Ramey (« Poetry ») renvoient à l’univers des mots. Quant à la question « Si vous n’aviez pas fait de la musique votre métier, quelle profession embrasseriez-vous aujourd’hui ? », un seul se rêve en écrivain (Freeman) et il n’est que Milt Hinton pour s’imaginer « writing about musicians ». Pourquoi cette apparente distance ? Et parmi ceux que l’on a pris l’habitude d’appeler jazzmen, qui écrit volontiers et qui n’écrit pas ? Pourquoi et à qui écrivent-ils, sous quelle forme, dans quel but et dans quelle relation avec leur pratique musicale quotidienne ?
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