Quelle place peut-on reconnaître à la musique dans la quête
spirituelle ? L'interrogation est ici abordée de façon nouvelle
dans la mesure où la musique n'y est pas considérée d'abord
comme un art, mais comme un fait anthropologique capital :
le chant et la danse sont fondés sur notre capacité de parler
et de marcher. Aussi la musique chante et danse notre rapport
au monde sous le mode du sentir et non du connaître.
La quête spirituelle est envisagée à même cet enracinement
existentiel. Loin de se tourner vers un «au-delà» fantasmé,
elle cherche et trouve son chemin dans l'expérience rythmique,
le travail sur le matériau musical, le chant et la danse.
Peut-on dès lors établir une «parenté intérieure» entre le chemin
qu'emprunte en nous la musique et celui qu'emprunte le
Verbe en son périple d'incarnation tel que l'entend la tradition
évangélique ?
Cette quête spirituelle revêt des allures différentes selon les
grands moments stylistiques qui sont ici traversés au rythme
de quelques oeuvres emblématiques. C'est pourquoi l'oreille
doit s'accorder à l'irréductible singularité de chaque style.
Mais c'est dans sa confrontation avec la violence du monde
que la musique révèle la puissance paradoxale de sa fragilité,
capable de libérer l'oreille d'un imaginaire trompeur. Une
oreille ainsi pacifiée, peut se laisser surprendre par l'appel de
l'Ouvert, quand d'aventure pour elle le lointain se fait proche.
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