La notion de non-qualification s'est étendue à plus de cinq millions d'emplois d'ouvriers ou d'employés (vendeurs, assistantes maternelles, maçons, agents de sécurité, employés de l'hôtellerie et des cafés restaurants, agents de service hospitaliers, concierges, etc.). Or une telle définition suggère que ces emplois ne nécessitent ni connaissances ni compétences. Des pans entiers de l'activité économique, et les salariés qui y travaillent, sont ainsi dévalorisés.
La dénonciation des mauvaises conditions de travail, du temps partiel contraint, des bas salaires ou des emplois précaires a fini par occulter l'essentiel : la complexification et l'enrichissement du contenu de ces emplois qui requièrent de plus en plus de compétences et de professionnalisme.
Nous ne pourrons plus entretenir longtemps ce paradoxe qui consiste à déprécier la plupart des activités qui déterminent la qualité de la vie quotidienne. Le chômage de masse a masqué les transformations du travail, de tout le travail, sans que la mesure de ce bouleversement en termes de reconnaissance des compétences et d'effort de formation ne soit prise en compte. La vieille notion de «non-qualification» est un obstacle à cette prise de conscience : il n'y aura pas d'économie socialement efficace sans reconnaissance des compétences et des connaissances mobilisées dans les emplois, tous les emplois !
Partant d'un état des lieux complet de la situation pour finir sur les défis de la professionnalisation et les «non-qualifiés compétents», cet ouvrage livre des pistes de réflexion et d'action pour en finir avec certaines idées reçues.