Le luth monoxyle qanbûs ou tarab a joué un rôle central dans la musique du Yémen jusqu'au milieu du XXe siècle. Actuellement en voie de disparition, il présente plusieurs énigmes sur le plan historique, organologique et anthropologique. Selon des hypothèses historiques plausibles basées sur l'iconographie et la philologie, sa genèse remonterait à une forme de luth monoxyle (fabriqué dans une seule pièce de bois), apparue pour la première fois en Asie centrale avant le début de l'ère chrétienne. Cette forme se serait ensuite diffusée dans le monde arabe à travers la Perse sassanide, puis jusqu'au Yémen entre le XIIIe et le XVIe siècle, et de là, dans l'océan Indien, dans le monde malais et le monde swahili, avec l'émigration yéménite. C'est à Sanaa que l'instrument est le mieux documenté, grâce aux témoignages d'histoire orale. Le livre porte une attention particulière à sa description morphologique, ainsi qu'à son analyse organologique et de lutherie comparée. En effet, cet instrument n'est pas seulement monoxyle, mais il est aussi mono-cave (le manche et la caisse ne formant qu'une seule cavité). Enfin, imprégné de la culture des lettrés et des artisans de Sanaa, ce luth fait l'objet de représentations anthropomorphiques qui suscitent de nombreuses questions anthropologiques et d'histoire des mentalités. Mais c'est certainement grâce à sa petite taille et à sa caisse monoxyle que cet instrument a résisté au puritanisme et a traversé les océans.
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