Pourquoi Pierre de Jean Olivi (1248-1298), théologien franciscain, artisan d'une théorie radicale de la volonté humaine, devrait-il consacrer une longue section de sa Somme de théologie à la physique de l'action et du mouvement ? Parce que, comme l'écrit saint Augustin, « si ce qu'on appelle "la force" résulte de l'impulsion de l'âme, de l'appareil compliqué des nerfs et du poids du corps, c'est la volonté qui fournit cette impulsion, qu'intensifie l'espoir ou l'audace, mais qu'abat la crainte et encore plus le désespoir ». La volonté imprime son impulsion dans la matière spirituelle de l'âme, pour la diriger vers le bien ou le mal, tout comme l'archer envoie la flèche vers sa cible. Toute puissance pose un regard (aspectus) sur son objet : le regard du soleil sur la terre qu'il éclaire, le regard de la pierre qui tombe vers le centre de la terre, le regard de l'aimant qui attire le fer, le regard de l'âme sur son objet de désir. À la faveur de ce nouveau modèle de la puissance, c'est bien une réforme radicale de la physique aristotélicienne que propose Olivi : sur le rapport entre action et création, l'action instantanée à distance, la relation entre mouvement et matière, la définition du mouvement comme propriété relationnelle, jusqu'à la réduction des catégories aristotéliciennes à de simples aspects de la réalité physique.
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