«La pudeur, n'est-elle pas toute la femme ?», demandait Balzac.
Même dévêtue, celle-ci conserve ce voile de pudeur invisible qui distingue,
pour les moralistes, la femme honnête de la dévoyée. Bel éloge
de la féminité, mais lourde responsabilité qui a souvent contribué à l'effacement
de la parole et du corps féminins. La pudeur féminine a en
Occident une histoire spécifique, retracée ici depuis l'Antiquité grecque.
Aujourd'hui, pourtant, on la résume souvent dans une opposition
binaire entre impudeur et pudeur : d'un côté, la femme-objet, dont la
chair exposée est réduite à un pur objet de désir ; de l'autre, la femme
cachée, vêtue jusqu'au bout des ongles. Dévoilée ou voilée, la nudité
féminine est érotisée, suscitant la honte ou le désir. L'exacerbation des
positions est la conséquence naturelle de cette réduction abusive.
Chacun se bat au nom de la «liberté» de la femme, les uns estimant que
le voile l'emprisonne ; les autres, que le dévoilement l'asservit au désir
masculin. Je rappellerai donc cette troisième dimension, celle du voile
naturel et invisible qui révèle la femme, afin de retrouver et de réhabiliter,
loin des débats biaisés, une chair déculpabilisée et une pudeur
faite de respect.
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