En France, meurent, victimes de leur conjoint, une femme tous les
4 jours et un homme tous les 16 jours. On parle de crime «passionnel»,
mais s'agit-il d'un avatar des violences conjugales ou d'une réelle
histoire d'amour fou ?
L'analyse psychosociologique porte sur 337 crimes perpétrés entre
1986 et 1993. Surtout commis par des hommes (263, vs 74 par des
femmes), ils ont fait 458 victimes. Les auteurs montrent comment, loin
des histoires romantiques ou tragiques telles qu'on les trouve dans la
littérature, ces crimes sont des affaires de famille.
Des familles fusionnelles dominées par l'emprise, où l'appropriation
des femmes est de règle, et où, en même temps, la conflictualité des
modèles est insupportable, car la façon d'organiser sa vie intime y est
vécue sur le mode de l'évidence : «Chez nous, c'est comme ça».
Des familles aussi où l'idée d'un destin individuel pour chacun ne
signifie pas grand-chose puisqu'à l'évidence, le destin, c'est de répéter
le fonctionnement des parents. Des familles, en somme, où l'on fonctionne
entre soi, ce qui ne fait qu'attiser les passions, les narcissismes et
qu'accroître les détresses.
Ainsi, bien qu'annoncé, le crime dit «passionnel» est difficile à
prévenir en raison de son caractère de pseudo-normalité. Une telle
impuissance de la société ne témoigne-t-elle pas d'une pathologie
sociale inquiétante ?
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