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La crise économique que nous traversons fait peser sur une large tranche de la population un important risque de déclassement. Des femmes, jusqu’il y a peu à l’abri du besoin, découvrent une nouvelle précarité. Nombre d’entre elles, aux profils des plus variés, se retrouvent dans l’obligation, à leur corps défendant, de se prostituer. Ce sont aussi bien des mères célibataires, pour se nourrir et nourrir leurs enfants, des épouses, dans le but de tenter de boucler les fins de mois de leur couple, que de jeunes étudiantes, les fameuses « sugar babies », contraintes d’accompagner de riches hommes d’affaires pour financer leurs études. D’autres encore entrent dans la spirale infernale du « logement contre sexe » espérant, en couchant, obtenir un toit décent et ainsi héberger leur famille. Alessandra d’Angelo, journaliste d’investigation, est partie à la rencontre de ces nouvelles « vendeuses de charmes ». Elle lève le voile sur un tabou sociétal : le visage de la prostitution a changé. Quels sont ces nouveaux profils qui vendent leur corps ? Qui sont ces femmes qui optent pour la marchandisation de leur être ? Nietzsche affirmait que « le corps social sécrète de la moraline ». Cette morale doit être aujourd’hui adaptée pour faire face à des phénomènes contemporains nouveaux et interpellants : le sexe est devenu un outil de survie alimentaire.
Découvrez un ouvrage qui lève le voile sur un tabou social contemporain en étudiant les nouveaux profils de femmes contraintes à vendre leur corps.
EXTRAIT
La culture du corps libre, Dominique Alderweireld (68 ans), dit « Dodo La Saumure », la pratique lui aussi, ou plutôt, l’orchestre. Ce propriétaire de maisons closes devenu célèbre pour son implication supposée aux côtés de Dominique Strauss-Kahn80 dans l’affaire du Carlton de Lille se dit souteneur et non proxénète. Déjà à la tête de plusieurs antres de joie, salons de massage et bars montants, l’homme surfera sur la vague en 2014 et jouera la carte de la confusion. Il ouvrira, avec son associée et compagne Béatrice Legrain, un nouveau bar à hôtesses sur la commune de Blaton, près de Tournai : le DSK (Dodo Sex Klub), un « table dance » où les filles se trémoussent nues pour « présenter la marchandise avant » selon ses propres termes. Le décor est planté. « Mon surnom vient de la saumure, cette solution saline servant autrefois à conserver anchois, barbeaux, harengs et maquereaux. C’est l’espèce à laquelle j’appartiens ! Lorsque l’on a les arêtes qui poussent, on devient un mac et je prends ce sobriquet comme une marque de respect dans le milieu ». Et le milieu, Dodo le connaît comme sa poche depuis son premier bar, le « Gypsy Club », ouvert, en France, au début des années 70. « C’était un bar semi-montant. La loi française interdit les bordels. Les gâteries étaient par contre tolérées dans le salon et au bout d’une dizaine de bouteilles, on pouvait monter discrètement pour un moment d’intimité. Cocasserie, le bâtiment que je louais appartenait à l’époque à l’archevêché de Lille. J’ai même le souvenir d’un homme en soutane qui venait régulièrement nous rendre visite à vélo. »