Débutant comme un manuel de « Prières », le canzoniere d’un type très particulier qu’est le manuscrit trilingue de Blaise Hory (1528-1595), conservé à la Bibliothèque universitaire de Neuchâtel, opte très vite pour le genre de la « Chanson » célébrant – sur le mode lyrique des Psaumes et dans le sillage de la triade Marot, Ronsard et Du Bartas – divers événements tant privés (baptêmes, mariages, maternités, guérisons, deuils) que civiques (festivités du Nouvel An, élections de magistrats, commémorations du passage à la Réforme). Avant de se décliner plus librement encore dans une panoplie de formes savantes où alternent satires, épitaphes, chants de guerre, énigmes, jeux d’esprit et autres exercices virtuoses de style, passage osé de l’exercice pieux à la glorification humaniste du Parnasse qui révèle chez ce « diable de pasteur-poète » comment l’écriture réformée glisse, au cours de la Renaissance, de la littéralité de l’inspiration biblique à la littérarité de la « chose littéraire ».
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