La modernité est un concept en perpétuel devenir, cherchant indéfiniment à se redéfinir.
Par ces mots écrits au seuil de sa vie artistique, Bernard Moninot affirme une position et une orientation manifestes : il revendique l'héritage des « modernes » mais justifie sa filiation par une perspective critique, conscient que poursuivre l'élan de cette histoire suppose d'en réinventer l'idée et les territoires, c'est-à- dire tout autant le rêve et l'énergie.
Comme le montrent les textes réunis ici, ses premiers mots vont être l'impulsion d'une onde animant sa trajectoire de bout en bout, la plaçant sous le signe d'une recherche nourrie de spéculations techniques et scientifiques comme l'étaient à la Renaissance les oeuvres d'Uccello, de Vinci, de Dürer, ou plus tard celle de Marcel Duchamp.
Née sous le signe d'un questionnement du visible, dans son acception classique et sa traduction figurative, son oeuvre s'en est éloignée pour remonter vers ce qui est la source du visible : la lumière. Avec elle le temps paraît, sensible dans le mouvement des ombres qui portent, ici, la présence de cette matière lointaine et insaisissable. Dès lors, Bernard Moninot s'attache aux plus imperceptibles phénomènes conducteurs d'images mouvantes, voire aux plus invisibles d'entre eux comme les ondes ou le vent. Son attention aux images perdure, mais elle se déplace vers les forces qui les forment et tente même de capter ce qui n'a pas d'image visuelle, tel le son ou le silence.
Par-delà les aspects biographiques éclairant son travail, les textes de Moninot réfléchissent son regard dans l'écho que les mots lui retournent, par les concepts qu'ils véhiculent comme par leur matière sonore. Entre « l'ambiguïté de leur signification » et « leur pouvoir d'évocation », ils reconduisent « ce jeu d'ambiguïté entre peinture et réalité » qui le passionne.
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