A la suite de Pré-histoires. Textes troublés au seuil de la modernité (Droz, 1999), Pré-histoires II recourt derechef aux textes littéraires et aux sources para-littéraires, discursives notamment, pour éclaircir des questions non résolues de l’histoire culturelle et de ses codes sociaux. S’inspirant de la rencontre, au début de l’œuvre de Rabelais, de Pantagruel et d’un Panurge polyglotte, la première partie interroge le statut des langues vivantes au XVIe siècle et constate l’évolution rapide des moyens de les apprendre. La seconde partie observe les effets de l'enchérissement qui secouait alors l’Europe, les identifiant notamment dans l’inflation économique et dans l’intérêt pour les langues étrangères considérées comme une technique d’expansion marchande. Elle cherche en somme à déterminer à quel point la célèbre Response à M. de Malestroict, où Jean Bodin se fait l’analyste de la croissance, peut être citée comme un "seuil" de la compréhension graduelle de cette convergence.
Des textes très divers sont sollicités dans ces explorations ; ce sont pourtant des épisodes empruntés à François Rabelais qui en constituent le plus souvent le paradigme, si bien qu'on en vient à considérer Pré-histoires II comme une méditation sur Rabelais et sa relation à l'histoire, économique et culturelle, numéraire et littéraire en particulier. La réflexion tend à établir que des phénomènes troubles, considérés habituellement comme distincts ou même incompatibles, sont présentés comme liés, dans le monde imaginaire de la fiction rabelaisienne, avec une lucidité exemplaire.
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