Toute société est régie par des normes qui déterminent qui est inclus et qui ne l’est pas, et donc qui est déviant ou pas. Cependant les normes, qui résultent de négociations au sein du groupe, peuvent être redéfinies, partant les communautés évoluent, toute redéfinition entraînant alors de nouvelles formes et pratiques déviantes. Le présent volume part de cette déviance sociale pour aborder ensuite la déviance telle qu’elle se manifeste dans les arts et la littérature. Il faut dire qu’associer la création artistique à la déviance est un motif récurrent de la théorie sur l’art. Le langage littéraire, et notamment poétique, apparaît souvent comme une déviance par rapport au langage ordinaire. Surtout, la littérature américaine, sans doute plus que tout autre, s’est caractérisée dès le départ par une certaine capacité, voire une tendance délibérée, à remettre en cause le canon, et ses grands auteurs, tels Emerson ou Whitman, pour ne citer que les précurseurs, ont d’emblée incarné la figure du rebelle. La tradition s’est perpétuée : comme en témoignent les articles consacrés à Paul Auster ou Joseph Brodsky mais aussi aux poétesses chicanas. La scène artistique, enfin, compte de plus en plus d’objets déviants, si bien que même la culture populaire est travaillée par la déviance.
C’est donc une déviance protéiforme qui est abordée dans cet ouvrage, avec le souci d’exposer au lecteur à la fois la complexité du phénomène et ses multiples mutations.
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