L'école est l'objet d'un étrange tabou en France, où l'on amuse la galerie avec la question de la laïcité, alors que la vraie question est celle des structures de l'Education nationale.
Telle qu'elle a été bâtie depuis trente ans, hypergéante, centralisée, rigide et monopolistique, celle-ci est devenue un système non régulé, incapable d'adaptation et d'innovation, qui se survit de rentrée en rentrée par un miracle de plus en plus improbable, mais dans lequel les problèmes de fond s'accumulent sans être jamais résolus. On peut le qualifier de soviétiforme. C'est, dirait-on, un fragment du continent soviétique qui aurait dérivé jusqu'à la pointe Ouest de l'Europe. Il est aussi improductif dans son domaine que les économies de type soviétique dans le leur, si ce n'est qu'il attend toujours, lui, sa perestroïka.
A cause de ce système, l'école, en France, s'apprête à rater les trois rendez-vous majeurs que sont pour elle l'accélération décisive de l'évolution des sciences et des technologies, l'entrée dans la «Galaxie Marconi» et la formation professionnelle. Pour relever ces défis, il faudrait des créateurs d'école, dont, par construction, le système rend impossible l'émergence.
Pendant ce temps, poursuivant les fantasmes des années 1930, les syndicats enseignants continuent imperturbablement à faire les plans d'une école unique, matrice de l'homme nouveau, citoyen de la future cité socialiste. Ils entendent, dans ce but, substituer partout, de la maternelle à l'enseignement supérieur des Pédagogues aux Professeurs. Ils préparent un retour d'obscurantisme de nature à détruire l'œuvre scolaire de Jules Ferry et à déliter le lien que la République avait toujours entretenu avec les Lumières.
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