La haute montagne, les parois verticales : "L'homme y devrait mourir de
peur, dit Alain ; tout au contraire il y court pour le plaisir." Mais quel plaisir dans
la fatigue et le froid, les courbatures et la soif, le sac lourd aux épaules, le danger ?
La question est légitime. Les réponses les plus courantes le sont moins : masochisme,
fascination morbide pour le risque, vanité de l'exploit futile, fantasme de la
conquête habitent sans doute quelques uns d'entre nous. Mais l'erreur du profane est
de supposer chez l'alpiniste ou le grimpeur des capacités et un goût particuliers pour
l'extrême, voire pour la mort. La vérité est qu'ils sont des femmes et des hommes
comme les autres, cherchant - mais par d'autres chemins - les mêmes satisfactions
que tout un chacun : expérimenter ce que Spinoza appelle sa puissance d'agir, qui
ne fait qu'un avec la liberté, contempler la beauté, s'émerveiller devant le sublime,
connaître par le geste et l'effort les éléments naturels sur lesquels le corps s'appuie
plus qu'il ne les affronte, se connaître soi-même. Vivre, tout simplement.
Et si, comme le disait Hegel, "penser la vie" est la tâche de la philosophie,
elle doit bien avoir quelque chose à nous dire aussi sur tout cela !
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