«Je ne suis pas un spectateur comme les autres... Je ne suis pas un petit lapin
que vous ferez mijoter à votre sauce "socio" !» Saisie sur le vif d'une sortie
de la salle de spectacle, cette déclaration, avancée pour justifier le refus de
répondre à un questionnaire, résume à elle seule la méfiance que suscite souvent
la sociologie d'enquête. La crainte d'être mis en boîte demeure bien
réelle, surtout lorsque l'on interroge les publics de la culture qui estiment, par
le fait même de leurs pratiques, se distinguer d'autrui. C'est vrai que le questionnaire
d'enquête contraint une part non négligeable des représentations de
ce que l'on appelle «le public» ou «les publics». Ce texte propose de mettre
en évidence comment les attendus des questionnaires employés sur le terrain
de la culture construisent un spectateur qui est pour bon nombre d'aspects un
spectateur imaginé. Aussi s'agit-il ici de restaurer le questionnaire d'enquête
dans ses formes originelles d'objet de médiation entre le spectateur et sa
propre pratique ; celui qui répond au questionnaire n'est pas un agent social
passif et plein de bonne volonté : c'est aussi un acteur qui se défie, se défile
pour finalement adapter le questionnement à la vision qu'il a de lui-même et
de sa relation à l'offre culturelle.
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