Pour une nouvelle théorie des figures
Si les figures continuent à faire l'objet de l'attention des linguistes, c'est dans le cadre toujours restreint de l'élocution, en dépit d'ouvertures vers la pragmatique, qui minimisent le détail du fait grammatical. Cette étude les aborde dans une perspective non seulement de rhétorique générale mais aussi de linguistique et de philosophie du langage, ce qui conduit à soulever la question même de leur définition. Elle s'appuie sur une conception souple du langage, considéré non comme un code, mais comme un processus qui admet le flou et l'approximation. Les figures ne constituent pas un écart repérable par rapport à une norme, au demeurant introuvable, mais des agencements de faits grammaticaux qui prennent leur sens dans le contexte où ils se trouvent. On passe ainsi de la notion de figure à celle de configuration, ce qui est loin d'être une simple question de terminologie. Il ne s'agit donc pas de proposer une énième liste de figures aux noms savants, mais de mettre en évidence le jeu de mécanismes inscrits dans le logos, qui, en liaison avec l'ethos du locuteur et le pathos de l'interlocuteur, contribuent à la négociation de la distance entre individus à propos d'une question, où Michel Meyer voit l'essentiel de la rhétorique. C'est une nouvelle théorie des figures qui est proposée : loin d'en faire des écarts, elle les inscrit dans le fonctionnement ordinaire du langage.
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