On a redécouvert depuis peu Nizan romancier, Nizan pamphlétaire, Nizan voyageur : voici Nizan critique littéraire et théoricien de la culture. Pour la première fois se trouvent réunis en un volume les articles consacrés par le brillant intellectuel communiste des années 1932-1939 à ses illustres contemporains : Mauriac, Aragon, Malraux, Sartre, Giono, Céline, Drieu La Rochelle, ou à quelques classiques étrangers comme Dickens ou Dostoïevski. Même quand il aborde des auteurs moins importants, Nizan en tire des réflexions toujours du plus haut intérêt, tant était forte chez lui la passion de dégager à propos d'un écrivain ou d'un livre particulier un thème de portée universelle : les contradictions de la littérature catholique, les devoirs de la littérature populaire, les pièges du réalisme ou les chances du roman policier.
Au-delà de la dispersion des articles commandés évidemment par la circonstance, le plus admirable est de retrouver à chaque page l'exigence d'une pensée inflexible. Pour Nizan, la critique littéraire n'était qu'une arme de l'idéologie. Maintenant que de toute part on dénonce la culture régnante comme une culture de classe, comme un instrument au service des privilèges bourgeois, Nizan apparaîtra dans son éclat de précurseur. Qu'importe alors qu'on ne soit pas toujours d'accord avec lui et qu'on puisse le juger quelquefois sévère ou injuste : la meilleure critique est celle qui a le plus de ton. La violence inspirée de Nizan lui donne une place éminente dans une famille d'esprits qui comprend Céline aussi bien que Malraux, Bernanos aussi bien que Sartre. Pour une nouvelle culture : un livre de combat, un livre de prophète, un grand livre.
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