Entre l'effondrement de l'Etat salazariste en avril 1974 et la remise au pas capitaliste dans sa version « libérale » en novembre 1975, les prolétaires portugais des villes et des champs ont profité de ces dix-huit mois de liberté relative pour faire entendre leurs exigences, qui ne portaient pas que sur les salaires et remettaient assez souvent en cause les finalités et les processus de la production. Auraient-ils pu aller plus loin et abattre le capitalisme ? Là où d'autres auteurs pointent l'absence d'un parti révolutionnaire réellement implanté dans le pays, le Portugais d'adoption Phil Mailer, au terme de ce témoignage vivant et sans pathos, met plutôt l'accent sur le trop-plein des « avant-gardes » (maoïstes, guévaristes, trotskistes...) comme l'un des facteurs d'échec du mouvement. Les deux points de vue ne sont d'ailleurs pas contradictoires. Mais le plus grave, selon lui, est que tous ces partis ne défendaient en fait, sous couvert de « pouvoir des travailleurs », que des variantes plus ou moins rénovées de « capitalisme d'Etat », comme le XXe siècle en fournit quelques exemplaires.
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