«"Être" poor white trash» aux
États-Unis, c'est d'abord se faire
traiter de «poor white trash!»,
«sale Blanc !», intérioriser cette
dénomination, la vivre, dans la
honte, comme un stigmate.
Parce que les discours d'une
époque sont inscrits au coeur
du texte, la littérature nous permet plus que les sciences sociales de
découvrir les métamorphoses de ce personnage de pauvre méprisable,
enfant bâtard de la classe et de la race.
Par l'étude littéraire des oeuvres des écrivains Sherwood Anderson, Erskine
Caldwell, Harper Lee et Russell Banks, mais également de leurs arrière-plans
historique et culturel, on découvre un personnage plus vraiment
blanc, grossier, pouilleux, alcoolique et violent, qui incarne dans un même
mouvement les bas-fonds de l'humanité et la bouffonnerie grotesque.
Ce livre montre que si la pauvreté obscène et la vilénie morale du «white
trash» offrent un spectacle odieux, elles sont surtout les fruits d'un
discours qui permet de conjurer l'angoisse du déclin social.
Des quartiers noirs de Baltimore où le terme «po' white trash» serait
né vers 1830 au Détroit du rappeur Eminem qui revendique aujourd'hui
l'épithète infamante, ce livre se propose de suivre les traces laissées dans
le grand récit national par le «poor white trash» et de comprendre sa
subversion profonde de l'ordre social et des interdits raciaux de l'Amérique
contemporaine.
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